Sport

Déclassement du stade GMK de Cotonou : à quoi ont finalement servi les 13 milliards FCFA dépensés pour sa rénovation

En 2021, le stade de l’Amitié entre temps baptisé ”stade de l’Amitié Général Mathieu Kérékou de Cotonou" a été entièrement rénové. D'un montant de 13 milliards FCFA, cette métamorphose du plus grand stade du Bénin a donné de la joie aux béninois et annoncé une nouvelle ère dans le développement du sport au Bénin. C'était également un nouveau départ pour le pays sur le plan sportif puisque le joyau devrait accueillir non seulement les matchs de l'équipe nationale mais aussi ceux des autres nations qui n'ont pas un stade répondant aux normes internationales.

 

Mais après deux ans, c'est avec regret et colère que les contribuables béninois qui ont vu leurs 13 milliards FCFA dépensés, sont informés du déclassement de leur stade par la Confédération Africaine de Football. Comme un coup de massue, ce que les béninois consideraient comme une rumeur a fini par se confirmer. Jusqu'à nouvel ordre, les Guépards du Bénin ne joueront plus aucun match officiel sur le stade GMK de Cotonou.

 

En effet, le stade Général Mathieu Kérékou n’est plus éligible aux rencontres internationales. Il a été déclassé suite à une mission d'observation diligentée par la CAF et ce, suite aux décès enregistrés lors du match ayant opposé le Bénin au Sénégal il y a quelques mois. Le secrétaire général de la Fédération Béninoise de Football, Claude Paqui en confirmant cette information, a expliqué qu'à l’issue de cette mission, la CAF a fait plusieurs remarques « Cette mission d’évaluation de la Caf a produit un rapport. Déjà, le 3 juillet (2023), nous avons reçu un courrier nous demandant d’améliorer un certain nombre de choses. Plus tard, le 30 août 2023, nous avons été saisis officiellement par la Caf du déclassement de notre stade ». À l'en croire, la Caf a demandé particulièrement au Bénin d’améliorer la qualité de la pelouse, d’apporter des réglages au niveau des vestiaires, de revoir la qualité de la luminosité des projecteurs et de renforcer le système sécuritaire du stade. 

 

Et pourtant, c'est cette même CAF qui avait homologué le stade GMK de Cotonou malgré ces irrégularités. Mieux, si il y a autant de choses à revoir pour que le stade réponde véritablement aux normes internationales, les béninois se demandent ce qu'ont servi finalement les 13 milliards FCFA déboursés par l'État pour les travaux de rénovation ? Les travaux ont-ils été exécutés dans la précipitation ou c'est la CAF qui s'est précipitée dans sa décision de déclarer éligible la pelouse ? Il en fallait plus les 13 milliards FCFA pour répondre à ces critères ou ce sont les sous qui ne seraient pas utilisés pour ceux à quoi ils sont destinés ? Autant de questions qui taraudent les esprits des béninois qui sont surpris et en même temps en colère de voir déclasser leur stade qui est devenu en un temps record, l'attraction du pays et l'un des stades les plus sollicités de la région.

 

Les béninois ne comprennent pas pourquoi dépenser 13 milliards de leurs francs pour rénover un stade qui est incapable d'accueillir les deux prochains matchs du Bénin contre le Rwanda et le Nigeria dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Ils ne comprennent pas pourquoi leurs joueurs doivent se rendre en Côte d’Ivoire pour disputer ces matchs alors même qu'ils auraient pu accueillir ces importantes rencontres à domicile si la mesure relative au déclassement n’avait pas été prise par la CAF. 

 

À défaut de répondre à ces préoccupations, le secrétaire général de la FBF, Claude Paqui, a préféré apaiser. Il a rassuré que la rénovation du stade général Mathieu Kerekou de Kouhounou est à une étape avancée. «Le président Mathurin De Chacus et le ministre Dato, actuellement, sont en train de mettre toutes les dispositions pour que les améliorations citées, les améliorations indiquées par la CAF puissent être faites pour que le Bénin continue à accueillir ses matchs FIFA World Cup et CAF à domicile dans les meilleurs délais », a fait savoir Claude Paqui.

 

Installer un nouveau gazon naturel, améliorer les tribunes de la presse, changer les sièges et la salle antidopage, tout ça demande encore beaucoup de moyens alors qu'on pouvait même bien faire avec ces 13 milliards FCFA. Pour une seule et même infrastructure, l'État est obligé de dépenser deux fois. Loin d'appeler à l'interpellation des services chargés de la rénovation, les béninois souhaitent que désormais, l'État veuille à ce que les sous qu'il met à disposition pour toute réalisation, soit utilisé à bon escient et servent réellement à quoi ils sont décaissés.