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Prison civile de Cotonou : des détenus attendent d'être jugés depuis 10 ans, 15 ans, 20 ans et plus, selon Joël Aïvo

par Rollis HOUESSOU - 16 mars 2023
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Joël Aïvo

En début de semaine, le professeur et opposant, Joël Aïvo a adressé un courrier au Ministre de la Justice et de la législation Séverin Quenum. Un courrier de 08 pages à travers lequel le Constitutionnaliste a non seulement dénoncé les conditions de sa détention depuis 2021, mais aussi s'est préoccupé du sort des autres prisonniers qui sont abandonnés dans leurs cellules.

 

Plusieurs détenus attendent d'être jugés depuis des années. C'est ce qu'a rappelé Joël Aïvo au Ministre Séverin Quenum à travers un courrier « il me plait de saisir l'occasion de cette lettre pour attirer votre attention sur quelques- unes des urgences de votre ministère. Il s'agit du cas de nos compatriotes oubliés par la justice dans nos prisons. J'ai réussi à sortir de prison quelques-uns grâce au service de mes avocats, mais ils sont encore plusieurs dizaines abandonnés par leurs juges. Placés en détention provisoire, ils attendent ainsi provisoirement, certains depuis dix (10) ans, d'autres depuis vingt (20) ans d'être jugés pour être condamnés on peut-être pour être acquittés», a-t-il révélé. Il cite par exemple l'article 147 de la Loi 2021-15 du 18 mars 2013 portant Code de procédure pénale en République du Bénin, modifiée et complétée par la Loi n°2018-14 du 02 juillet 2018 qui stipule que « les autorités judiciaires sont tenues de présenter l'inculpé aux Juridictions de Jugement dans un délai de cinq (05) ans en matière criminelle; trois (03) ans en matière correctionnelle ». Donc, en français facile, dans les cas les plus graves, nul ne peut être retenu en détention provisoire au-delà de cinq (05) sans être jugé». «Pourtant, les cas des personnes que je vous présente ci-dessous, sont très alarmants et donnent la mesure du fossé qui existe entre le discours et réalité sur l'état de notre justice et surtout sur la situation des droits de l'homme au Bénin. C'est le cas par exemple de : Issa Gogan, en détention provisoire depuis le 22 avril 2003. Il attend depuis vingt (20) ans d'être jugé Malheureusement le provisoire est devenu plus féroce que le définitif - Ulrich Kinda est en prison depuis le 21 février 2005. Sa détention provisoire a déjà duré dix- huit (18) ans. Lui aussi abandonné par ses juges, attend dans les couloirs de la justice. - Ousmane Ibrahim est emprisonné depuis le 12 février 2008 », a détaillé Joël Aïvo.

 

Il explique que cela fait quinze (15) ans que ce dernier attend que la justice mette fin à sa détention provisoire et lui dise s'il est coupable ou Innocent des faits dont on l'accuse. « Que dire de la vie du vieux Koto Dafia? Quatre-vingt (80) ans, originaire de Kouandé. Vous l'avez fait arrêter pour terrorisme dans le cadre des élections présidentielles d'avril 2021. A quatre-vingt (80) ans, croyez-moi, il n'a plus de force pour vivre une détention et se meurt à côté de moi, chaque jour un peu plus. Sauvez-lui la vie en lui rendant sa liberté, tout au moins, comme vous savez si bien le faire, en le plaçant sous contrôle judiciaire. Monsieur le Garde des sceaux, il est inutile de vous dire que ces oubliés de la Justice s'éteignent lentement dans nos prisons. Eux, méritent que le Ministère de la justice, de la législation et des droits de l'Homme mobilise ses moyens, ses pouvoirs et le corps judiciaire pour leur rendre justice ». 

 

Le Professeur pense que, l'autorité ministérielle rendrait un bien grand service au pays en débarrassant nos cours et tribunaux des nombreux dossiers de « responsables et militants de l'opposition que vous avez placés massivement en détention ou sous controle judiciaire à la queue leu leu. Ainsi, vous ferez recentrer la justice béninoise sur son coeur de métier, ses activités traditionnelles et ses nobles objectifs. Par la même occasion, vous permettrez au corps judiciaire, procureurs, juges et greffiers de s'occuper enfin pleinement des justiciables qui attendent depuis vingt (20) ans, dix-huit (18) ans, quinze (15) ans que l'État leur rende justice. C'est cela l'État de droit C'est surtout pour cela que la fraternité et la justice sont au fronton de la devise de notre pays », a-t-il plaidé. 

 

«Vous trouverez, ci-joint, la liste de quelques-uns de ces oubliés» qui auraient grand besoin du Ministre de la justice, en charge des droits de l'Homme » 👇

Rollis HOUESSOU

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